Je me rappelle : c’était un lundi. Ou peut-être un mardi. Cela dit, en y réfléchissant bien, c’était peut-être un mercredi…
Bref, même si je ne me souviens plus précisément du jour où j’ai entendu parler pour la première fois de Chat GPT, aujourd’hui, il est impossible de passer à côté.
Révolutionnaire pour certains, effet de mode pour d’autres, j’ai souhaité, à mon tour, me pencher sur la question.
Alors ? Qu’en est-il réellement ? Est-ce que je dois déjà retravailler mon CV et éplucher les offres d’emplois ?
Voyons ce qu’il en retourne.
Rédaction web et IA : qu’en pense l’intéressée ?
Pour commencer, je me suis dit : « Et si on demandait à cette fameuse IA ce qu’elle en pense ? ». Je lui ai donc la question directement et voici sa réponse :
« Il est difficile de prédire l’avenir, mais il est peu probable que l’IA remplace complètement la rédaction web. L’IA peut certainement être utilisée pour aider à la rédaction de contenu, mais il y a des choses que l’IA ne peut pas faire, comme comprendre le contexte et les nuances d’un sujet, ou écrire de manière créative et engageante. De plus, l’IA ne peut pas avoir la même capacité à s’adapter et à évoluer que les êtres humains. Il est donc peu probable que l’IA remplace complètement la rédaction web, mais elle peut certainement être un outil utile pour les rédacteurs. »
Si c’est elle qui le dit, c’est que ça doit être vrai.
Au passage, je lui ai posé plusieurs fois la même question et elle a réussi à me proposer des réponses similaires dans le fond mais pas dans la forme. Chapeau !
Pour savoir si l’IA va vraiment remplacer la rédaction web, rien de mieux qu’un test !
Pour être franc, j’avoue avoir été un peu effrayé de prime abord par cette nouvelle technologie. C’est que je l’aime mon métier et que ça me ferait mal de devoir en changer à cause d’un robot…
Pourtant, avant de jeter définitivement l’éponge, j’ai souhaité relativiser et prendre un peu de recul sur tout ça. Oui, cette IA impressionne par sa capacité à fournir des réponses rapides relativement justes (on verra après que le terme « relativement » est important). Mais il suffit de lui poser un certain nombre de questions pour se rendre compte qu’elle est quand même assez limitée. En plus, elle l’assume entièrement donc no offense Madame l’IA !
Je m’en suis d’ailleurs rendu compte en lui proposant un cas pratique. J’écrivais un article pour un client et je me suis demandé ce qu’elle en pensait. Je lui ai donc soumis quelques interrogations spécifiques. Résultat : je me suis retrouvé avec des réponses qui m’ont fait penser à certaines de mes copies que je rendais quand j’étais au lycée (team jeu vidéo sur l’ordi plutôt que révision).
En d’autres termes, une réponse passable sans plus que l’on trouve partout mais qui n’apporte rien de nouveau. Les mots-clés étaient bien là. Le fond aussi. Mais la forme ne donnait pas du tout envie de poursuivre la lecture.
Impossible donc de proposer ça à un client. Au risque de me faire taper fortement sur les doigts et de devoir revoir ma copie.
Pour vous en convaincre, je vous invite à faire le test par vous-même.
De plus, j’ai observé qu’il est aussi possible de lui demander des chiffres et statistiques sourcés. Ce qu’elle m’a fait en quelques secondes. Sympa ! Par contre, les liens me renvoyaient à chaque fois vers des pages qui n’existent pas. Pas sympa ! Bon bah il ne reste plus qu’à revenir à la bonne vieille méthode de la recherche manuelle dans ce cas.
Ce que je pense de Chat GPT
Après ces quelques jours de test, je me suis senti rassuré. C’est un fait qu’il est difficile de contredire : actuellement, l’IA ne peut pas remplacer un rédacteur web. Fin de la discussion, merci et au revoir !
Toutefois, mon instinct me dit de faire attention. Car, même si moi j’en suis convaincu, est-ce le cas de mes clients ?
Ne faudra-t-il pas prendre le temps de leur expliquer qu’utiliser ce type de technologie est une perte de temps ? Car, je vois déjà quelques petits filous essayer de remplir gratuitement leurs sites de contenus « de qualité » (j’insiste fortement sur les guillemets). Et qui les blâmera ?
Par contre, bien que l’IA puisse rédiger un texte de A à Z, je vous recommande chaudement de bien relire et vérifier chaque élément du texte créé. De plus, sauf erreur de ma part, elle ne peut ni s’occuper de l’intégration sur le site ni de la promotion sur les réseaux sociaux. Tout cela nécessite une intervention humaine qui demande du temps. Et je sais d’expérience que les clients qui font appel à des rédacteurs web le font justement pour se concentrer sur d’autres tâches que celles de la rédaction, de la publication et de la promotion d’un article. Sans même parler de la possibilité d’utiliser une tonalité spécifique ou de mettre en avant un vocabulaire et un angle d’attaque précis.
Dans ce cas, est-ce vraiment utile de faire appel à une IA pour la rédaction de contenus ?
Personnellement, je pense que l’IA va faire mal aux entreprises qui proposent des rédactions à bas prix puisqu’elle peut s’en charger à leur place rapidement et gratuitement (pour l’instant du moins).
Aussi, certaines disent que ce type de technologie oblige les rédacteurs à monter en gamme. Ce qui signifie : proposer une rédaction de plus grande qualité et faire évoluer son activité en passant de simple exécutant à stratège. Et je suis d’accord.
Google contre-attaque
D’après les rumeurs, Google ne voit pas cette nouvelle technologie d’un très bon œil. Surtout qu’elle serait initiée par Bing pour venir concurrencer son principal ennemi de toujours.
Les réseaux sociaux et Amazon ont déjà grignoté quelques parts de marché et il est possible que ce type de technologie vienne, elle aussi, empiéter sur les plates-bandes de l’entreprise. Sans même parler de l’impact réel sur le SEO qui va être problématique.
Aussi bien au niveau de la qualité du contenu proposé – le fonctionnement de l’intelligence artificielle semble basé sur une agrégation de contenus déjà disponibles sur internet sans se soucier ni de la véracité des sources ni de la cohérence des informations proposées – que des habitudes des internautes qui, pour certains, préféreront l’IA aux services d’information proposés par Google.
Mais ne nous transformons pas en Madame Irma de pacotille. Pour le moment, il est impossible de prévoir précisément le futur de l’IA.
D’après ce que j’ai pu observer, nous sommes juste sur un outil qui récupère des informations à droite à gauche (sans doute provenant des premiers résultats de recherche des moteurs de recherche justement). Donc, il y a encore un long chemin à parcourir avant de fournir un service de qualité.
De plus, OpenAI a déjà indiqué vouloir mettre en place des marqueurs pour différencier les textes rédigés par les humains de ceux rédigés par l’IA. Cela pour éviter le plagiat et la triche en milieu universitaire. Nous ne savons pas encore comment cette fonctionnalité va être implémentée mais si ces marqueurs sont facilement accessibles, il va être dangereux, en tant que créateur de contenus, de se servir de Chat GPT et consorts pour ses clients. En tout cas, je ne m’y risquerai pas.
Pour résumer
C’est marrant : tous les ans, presque à la même période, on nous annonce la mort du SEO (ou de la rédaction web ici en l’occurrence). Et tous les ans, le SEO tient bon et s’adapte.
D’après mes différents tests et ce que j’ai pu lire et entendre, je pense que l’IA est plus un effet de mode qu’une véritable révolution. Pour le moment, les réponses proposées sont de piètre qualité et on ne peut pas se fier à 100% à ce qu’elle raconte.
Par contre, l’intelligence artificielle peut être un outil intéressant pour remplir rapidement un site ou obtenir une aide à la rédaction. Personnellement, je m’en sers pour être sûr de ne rien oublier dans mes articles.
Toutefois, il serait intéressant de suivre les évolutions de ce type de technologie et de voir surtout ce que va en faire Bing.
Ainsi, bien que je ne me sente pas actuellement en danger, je garde dans un coin de ma tête la tâche « refaire mon CV ». Parce qu’on ne sait jamais…
Quelques témoignages pour finir
Laurent Hentz, Formateur SEO, WordPress et NFT :
Il est probable que de nombreux prestataires l’utilisent déjà sans l’indiquer, certains en profitant pour baisser les prix sur les plateformes de rédaction, ce qui risque de faire baisser les prix d’entrée et donc d’augmenter la concurrence sur le segment plus « haut de gamme ».
Je remarque aussi que certains clients se lancent directement dans le domaine de l’IA sans passer par la case rédacteur ou graphiste.
De ce que j’observe, ça a certainement un impact, mais ça offre aussi probablement des perspectives aux rédacteurs, qui peuvent l’utiliser pour accélérer le travail sur certaines commandes et ainsi augmenter leur marge.
Sandy Poncin, Consultant SEO – Formateur Web Marketing/WordPress :
Après pas mal de tests, je pense que GPT3 n’est pas la solution. Car entre les requêtes où il fait de belles phrases, mais avec l’information importante erronée et son champ lexical digne d’un élève de CE2, je pense qu’il ne peut pas tuer le job de rédacteur sur des sites de qualité. Pour ce qui est du remplissage de sites dédiés uniquement à Google pour le netlinking, visiblement avec une petite relecture ça marche… pour l’instant.
Cédric Martin, Consultant SEO
Ah ! Chat Gpt3 : un vaste sujet qui rabat clairement les cartes ! Pour nous autres les SEO, je pense qu’il y a plein de possibilités pour innover dans nos processus et nous faire gagner du temps, sur les briefs, sur les sujets à trouver, sur des scripts qui peuvent être écrit par gpt3 etc etc… Après sur des contenus où il faut faire de la recherche, sourcer des auteurs, des concepts ou des sujets un peu technique, l’ia ne propose pas grand chose et l’humain a une galaxie d’avance. Je pense vraiment que c’est un outil que nous devons apprivoiser et apprendre à s’en servir pour simplement nous faciliter la vie au quotidien !
Note : voici d’ailleurs un site entièrement créé avec l’IA : https://epicesetdelices.fr/